Envie de lire la Bible cette année ? Commence par ici.

Elle est entrée dans ma classe le premier jour, a lancé un regard aux livres bien rangés contre le mur du fond, et a lâché : « Non. Mademoiselle, non. Moi, je déteste lire. » Je me suis tout de suite attachée à elle. Elle s’est installée à un bureau sur le côté, les bras croisés, et a secoué la tête, déjà exaspérée, alors que je n’avais même pas encore eu le temps de me présenter.

(Bonjour, je suis Mademoiselle Laitkep, votre professeure d’anglais plutôt sympa, paraît-il)

Elle a jeté un regard autour d’elle, un peu méfiante, observant les autres élèves du lycée déjà plongés dans leurs livres, là où ils s’étaient arrêtés la dernière fois. Je l’ai laissée faire. Je savais que l’exemple des autres aurait bien plus d’impact qu’un discours sur l’importance de la lecture. Elle a observé leurs visages quelques secondes. Ils étaient tous absorbés, ailleurs, complètement pris par leur lecture. Et surtout… personne ne faisait attention à elle. Alors, sans un mot, elle s’est levée, a quitté son bureau et m’a suivie jusqu’au fond de la classe pour choisir un livre. D’elle-même. Sans pression. J’ai fait de mon mieux pour ne pas sourire.

Elle est restée debout devant l’étagère, face à une rangée de titres qui ne lui disaient rien. Elle fixait les livres, immobile, comme si elle attendait qu’un d’eux lui parle. Et surtout, elle évitait soigneusement de croiser mon regard. Au bout d’un moment, elle en a pris un. Elle l’a tourné doucement entre ses mains presque étonnée de le trouver là, se demandant ce qu’il avait à lui dire. Puis elle a hésité… et l’a reposé, avec autant de soin, dans le plus grand silence, sans dire un seul mot.

C’était sa manière à elle d’essayer, je l’ai compris tout de suite. Quand elle s’est tournée pour attraper un autre livre, j’ai pu déceler dans ses gestes une forme de crainte. Pas la peur de moi, ni des autres. La peur d’échouer… avant même d’avoir commencé. Elle ne détestait pas lire. Elle ne savait juste pas par où commencer.

Aujourd’hui, quand j’y repense, ce qui m’a marquée, ce ne sont pas ses efforts pour rester concentrée plus de quelques minutes, ni sa panique quand on lui demandait ce qu’elle venait de lire. Non. Ce que je revois, c’est elle, allongée sur la moquette, au fond de la salle, ses cheveux noirs tombant sur une Bible ouverte, et sa tête qui se redresse, juste pour poser une dernière question. Je l’entends protester parce que le minuteur a sonné, parce qu’il est temps de marquer sa page et de retourner continuer sa journée.

Quand je pense à elle aujourd’hui, je ne vois plus cette jeune fille qui n’avait jamais ouvert un livre de sa vie. Je vois celle qui a appris à aimer les récits des Écritures, page après page.

La peur de l’échec

Je me suis très souvent retrouvé dans cette situation : mes nouveaux élèves jettent un coup d’œil à ma salle de classe et comprennent tout de suite qu’ici, impossible de se faire oublier. Alors, ils endossent des masques — indifférence, défi, ou parfois fausse assurance — pour cacher leurs difficultés scolaires. Ces élèves, souvent enfants hospitalisés ou pris en charge par les services de protection de l’enfance, sont habitués à passer d’un foyer à un centre de soins sans que personne ne prenne vraiment le temps de s’intéresser à eux. Au fil de ces déplacements, beaucoup traînent avec eux un sentiment de honte : ils se sentent inférieurs à leurs camarades. Et cette angoisse permanente que les autres finissent par découvrir leur « secret » .

Vous avez peut-être déjà ressenti cela vous aussi. Peut-être que vous commencez cette nouvelle année avec la peur d’être déjà trop en retard par rapport aux autres, au point de ne plus pouvoir combler l’écart. Peut-être que vous avez abandonné l’idée de lire un jour la Bible par vous-mêmes, parce que vous avez peur de ne pas être assez intelligentes pour la comprendre. Ou peut-être que vous êtes pleines d’enthousiasme à l’idée de plonger dans les Écritures, mais que, au fond, vous n’osez pas avouer que vous ne savez absolument pas par où commencer.

Commencez ici

C’est ici que l’apôtre Jean a commencé : avec un mot. La Parole. Jésus.

Dans Jean 1.1, il a écrit :  « Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. »  Jean aurait pu utiliser bien d’autres noms pour parler de Jésus, mais ce nom — la Parole — nous rappelle que Dieu a non seulement choisi de se révéler, mais qu’il l’a fait à travers son Fils.

 « Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle il y avait la vie, et cette vie était la lumière des êtres humains. » (Jean 1.3–4)

 « En lui était la vie » , a écrit Jean. En Jésus se trouve la vie. C’est pourquoi nous avons un livre écrit à son sujet. Jean a écrit  « Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. » (Jean 20.31)

Si votre parcours dans la Bible cette année doit porter du fruit, il doit commencer et se terminer avec la Parole. Nous devons commencer avec Jésus.

Commencez avec Jésus

Si vous avez l’impression que lire les Écritures sera trop difficile pour vous, que vous n’y arriverez jamais seules — faites une pause un instant et remerciez Dieu. Reconnaître que nous avons besoin de Jésus, c’est déjà une grâce. Nous ne pouvons pas y arriver sans lui, et pourtant, il est prêt à nous aider, et pleinement capable de le faire.

N’est-ce pas justement notre faiblesse qui révèle à quel point nous avons besoin de la Parole de Dieu ? Notre incapacité à nous changer, qui nous pousse à rouvrir nos Bibles pour y chercher de l’aide ? Nos échecs à nous voir telles que Dieu nous voit vraiment, qui nous amènent à chercher la vérité dans le miroir des Écritures ?

 « Mais il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me vanterai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. » (2 Corinthiens 12.9)

Dans votre faiblesse, vous avez une force insoupçonnée : l’auteur des paroles que vous allez lire désire se révéler à vous à travers elles. Il est la vérité (Jean 14.6). Avant de vous asseoir pour lire, demandez à Dieu de vous aider à comprendre ce que vous lisez. Demandez-lui d’ouvrir vos yeux, afin que vous puissiez faire confiance à Jésus et lui obéir, page après page.

Commencez avec un genre

Il est maintenant tant de passer aux choses concrètes. Si vous débutez cette année, sachez que vous n’êtes pas obligées de lire toute la Bible d’un seul trait, de la première à la dernière page. La Bible est en réalité une bibliothèque de soixante-six livres, répartis en deux grandes parties : l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. L’Ancien Testament prépare la venue de Jésus, et le Nouveau Testament raconte qui est Jésus, ce qu’il a accompli, et comment nous sommes appelées à vivre parce qu’il est venu. Dans ces deux grandes sections, vous trouverez des livres très variés, appartenant à différents genres littéraires. Alors, lequel choisir pour commencer ?

Dans ma salle de classe, j’ai découvert que le moyen le plus rapide pour aider les élèves à trouver leur genre préféré, c’est de faire un parallèle avec Netflix. (Il n’y a rien de plus déroutant pour eux que de parler de films alors qu’ils se trouvent face à une étagère remplie de livres !) Pensez à la dernière fois où vous avez fait défiler les suggestions personnalisées pour choisir quelque chose à regarder. Qu’avez-vous choisi ? Un drame, un documentaire, une romance, de l’aventure ? Et à l’inverse, qu’avez-vous tendance à éviter ?

La Bible contient différents genres littéraires : poésie, histoire, récit narratif, et bien d’autres encore. Si vous aimez les histoires pleines de rebondissements et souhaitez découvrir la vie de Jésus, commencez par Matthieu, Marc, Luc ou Jean. Si vous êtes sensibles à la musique et aux paroles qui touchent le cœur, commencez par les Psaumes. Et si vous aimez les belles histoires d’amour, lisez le livre de Ruth.

Toute l’Écriture raconte l’histoire de Jésus. Un jour, vous aurez peut-être envie de lire jusqu’à la dernière page. Mais vous n’êtes pas obligées de commencer par le livre qui vous paraît le plus difficile. Commencez par les genres qui vous inspirent le plus, ceux qui vous procurent du plaisir, et partez de là.

Commencez avec la recommandation d’une amie

Si Netflix n’est pas vraiment votre tasse de thé, demandez à une amie de vous conseiller un livre. Y a-t-il dans vos connaissances quelqu’un qui aime vraiment la Bible ? Envoyez-lui un message dès maintenant pour lui demander quel est son livre biblique préféré et surtout pourquoi. Demandez-lui pourquoi elle pense que ce livre mérite particulièrement votre attention. N’hésitez pas aussi à lui demander si elle accepterait que vous lui posiez des questions au fil de votre lecture. (Si elle tarde trop à répondre, je vous recommande personnellement de commencer par l’Évangile de Jean. Vous en avez déjà lu les premiers versets dans ce message !)

Commencez avec un livre audio

Vous pouvez écouter la Bible cette année, et cela comptera tout autant que de la lire. Cela peut même vous aider à suivre le texte écrit en même temps. Mes élèves, qui n’ont pas l’habitude de lire, préfèrent souvent cette méthode, car le rythme régulier d’un lecteur professionnel leur permet de passer plus de temps à réfléchir au sens, plutôt que de buter sur des mots qu’ils n’utilisent pas dans leur langage quotidien. Et si vous remarquez que votre esprit commence à divaguer pendant l’écoute ? Essayez d’augmenter un peu la vitesse de lecture : parfois, un rythme un peu plus rapide aide à mieux rester concentrée.

Commencez par treize minutes

Au début de chaque cours que j’enseigne, nous lisons pendant treize minutes. Dix minutes, c’était trop court. Vingt minutes, trop long. Quinze semblait trop évident… alors on a choisi treize. Avec chaque nouvel élève, je remarque combien ce laps de temps les étire au départ, puis, après quelques semaines, ils s’y habituent — et en redemandent. Encore, encore, encore.

Quand on débute, il vaut mieux se fixer un objectif de temps plutôt qu’un nombre de pages ou de chapitres. Construisez votre endurance petit à petit, sans vous soucier de combien vous avez lu. Savourez ce moment, et si cela signifie lire la même phrase encore et encore, alors ce temps sera bien investi. Le but, c’est de mieux connaître la Parole à travers la lecture, pas de la parcourir à toute vitesse en passant à côté de Celui qu’elle révèle.

Commencez maintenant

Quand mes élèves entrent dans la salle pour leur premier jour de classe, ils sont souvent un peu sceptiques quand je leur dis qu’ils ne seront pas testés sur le livre qu’ils lisent en début de cours. On ne leur donne pas de liste de questions à répondre avant, pendant ou après la lecture. Pourquoi ? Parce que je sais que ce qui leur donnera envie de continuer à lire bien après avoir quitté ma classe, c’est d’avoir appris à aimer lire. Alors on s’exerce à prendre plaisir à lire, jour après jour.

Une fois que vous commencez à lire, il ne faudra pas longtemps avant d’avoir envie d’étudier la Bible, d’approfondir votre compréhension du Dieu qui a conçu cette histoire pour nous conduire vers Jésus. Mais vous n’avez pas besoin d’analyser le texte aujourd’hui : commencez simplement.

À propos de l'auteur

Katie Laitkep

Katie Laitkep travaillait comme enseignante hospitalière lorsque Dieu l’a appelée à rejoindre l’équipe de Revive Our Hearts en tant que rédactrice. Elle exerce à distance depuis Houston, au Texas, où Dieu la soutient au travers des plages d’eau salée, des … En savoir plus …